Suivi Oophaga pumilio au Panama
Lieu : Station de Recherche du Smithsonian (Bocas Del Toro / Panama)
Dates : Mars 2017
Acteurs participants : Yusan Yang, Richard Zawacki Lab ( http://www.rzlab.pitt.edu/ – Pittsburg University) et Vincent Prémel
Sujet d’étude : L’effet de résidence détermine t’il le succès de la compétition territoriale mâle-mâle chez une grenouille empoisonnée polymorphique (Oophaga pumilio)
Titre original du papier: Prior residence effect determines success of male-male territorial competition in a color polymorphic poison frog


Objectifs
Au sein d’une population polymorphique de Dendrobatidae qui ont des mœurs territoriales, l’objectif de cette étude est de comprendre la distribution spatiale des individus. Deux variables seront étudiées, la question principale étant, est-ce la couleur et/ou l’effet résident de l’individu qui joue un rôle dans le succès de combat entre mâles.
Matériel et Méthode
Le protocole est assez simple, premièrement nous repérons le territoire d’un mâle (qui est assez restreint, un rocher, tronc d’arbre …). Nous utilisons ensuite un chant de mâle pré-enregistré (qui fait office d’agresseur potentielle), une fois le mâle identifié il est capturé puis emmener au labo le temps qu’un nouveau mâle prenne son territoire dorénavant vide. Chaque mâle capturé est photographié et leur couleur déterminée par un spectromètre, enfin chaque mâle a un code unique (toe clips) pour le différencier lors de la recapture.
La conquête du territoire vacant est assez rapide car la zone d’étude possède une forte densité d’individus. Une fois le territoire de nouveau utilisé par un mâle, l’individu d’origine est relâché sur zone, quelques jours après nous revenons sur place, capturons le mâle pour savoir lequel du mâle d’origine ou du nouvel arrivant est le vainqueur.



Résultats
Notre étude n’a révélé aucune preuve prévalence de couleur pour gagner le combat (pour rappel les mâles sont rouges ou bleus). Cependant on note que les mâles plus brillants ont pu plus s’établir dans un territoire vacant comparé aux mâles plus ternes, mais cette différence ne s’est pas traduite par un succès plus élevé en remportant le combat de territoire.
La taille du corps est un déterminant majeur de la capacité de combat chez les anoures, cependant notre étude ne montre pas de succès de combat plus élevé pour les mâles plus grands. Cela s’ajoute aux données de plusieurs études antérieures, ce qui laisse entendre que la taille du corps n’est pas un facteur important de l’acquisition d’un territoire chez O. pumilio.
Enfin en comparaison, dans 84 % des combats organisés, l’occupant initial a gagné contre le nouvel occupant, ce qui a révélé un fort effet de résidence antérieure.
Conclusion
De façon générale, notre étude met l’accent sur la différence entre l’agressivité acquise à partir d’essais comportementaux standard et sa manifestation dans le contexte social naturel d’un organisme. Il souligne également la nécessité d’intégrer des renseignements sur le statut de résidence ou l’expérience antérieure (d’un combat par exemple) dans les études sur la divergence.
Publication : https://doi.org/10.1111/eth.13093